L’ITE sous enduit pour des façades performantes

Dans le domaine de l’isolation thermique, l’isolation par l’extérieur s’est peu à peu imposée, et notamment l’isolation sous enduit. Une des raisons évoquées est la grande performance de cette méthode pour isoler nos façades.

L’isolation thermique par l’extérieur s’est imposée avec la RT 2012 et le traitement des ponts thermiques. Plus facile à mettre en œuvre lors des rénovations de sites occupés, elle demeure cependant toujours plus chère que l’isolation par l’intérieur. Tour d’horizon des solutions proposées et des performances attendues.

En 2011, le marché de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) représentait 16 millions de m² en France, chiffre qui devrait progresser de 20 % en 2012 et d’autant en 2013, pour dépasser les 20 millions de m².

Le PSE domine

Ce marché est dominé par l’Isolation sous enduit (ISE) qui en représente 53 %, devant la façade ventilée (39 %) et la vêture. « L’ITE s’est imposée avec la RT 2012 : pour traiter les ponts thermiques, il faut soit recourir aux rupteurs, soit à cette solution d’isolation par l’extérieur », explique Frédéric-Jérôme Cardona, le responsable Support technique de Rockwool. Outre ce point, l’ITE présenterait d’autres avantages : elle n’empiète pas sur la surface habitable, contrairement à l’isolation par l’intérieur, et ne demande pas aux occupants du logement de le quitter pendant les travaux. « L’isolation permet, par ailleurs, de protéger le bâtiment et de procéder à un ravalement de façade », souligne Bertrand Ruot du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.

« C’est le polystyrène expansé (PSE) qui domine largement, avec plus de 90 % des parts de marché, devant la laine de roche (moins de 10 %) et d’autres isolants plus en marge, comme la fibre de bois – essentiellement utilisée sur des maisons à ossature bois pour des raisons de compatibilité – ou la mousse phénolique (NdLR : comportant des composés chimiques particuliers) », explique l’ingénieur de la division Revêtements, Etanchéité, Enduits et Mortiers du CSTB. Il faut noter l’apparition, depuis environ 5 ans, du polystyrène gris, dit « graphité », qui permet de diminuer la conductivité thermique. « S’il n’émerge pas de nouveaux matériaux pour le moment, on voit apparaître des associations inédites de composants utilisés de longue date », poursuit Bertrand Ruot. Ainsi, la tendance serait à l’utilisation de matériaux aux propriétés déjà connues, comme la terre cuite utilisée sous forme de briquettes pour le parement. Un système qui répondrait à la fois à une demande en termes d’isolation thermique mais également à des desiderata architecturaux, en remplacement des finitions classiques d’enduits hydrauliques ou organiques. « Le marché commence à se développer mais reste limité à des constructions en R+2, car on manque encore de recul sur la durabilité », explique le spécialiste du CSTB. La terre cuite, qui ne participe pas à l’isolation, est une solution plus lourde que les solutions classiques, ce qui la rend moins propice aux projets situés en zone sismique. De plus, les plaquettes absorberaient de l’eau qui, sur le long terme, humidifieraient l’isolant qu’elles recouvrent de façon prolongée. En revanche, ces briquettes de terre cuite apporteraient une plus grande protection mécanique contre les chocs que les enduits, ce qui en ferait une solution intéressante pour les rez-de-chaussée.

Nouvelles finitions et apparences

« La terre cuite est collée avec du mortier, ce qui constitue une solution 100 % minérale, donc présentant généralement une bonne réaction au feu », expose Bertrand Ruot. Les exigences de sécurité incendie, si elles sont moins strictes en maison individuelle qu’en ERP ou bâtiments collectifs, constituent pourtant la principale raison du choix de certains isolants, comme la laine de roche ou la fibre de bois. Des solutions qui restent plus onéreuses que le polystyrène expansé, ce qui n’empêche pas Frédéric-Jérôme Cardona de souhaiter que la laine minérale prenne sa place sur le marché : « Le PSE est encore trop choisi. En façade ventilée, la laine de roche représente tout de même 19 % des parts, derrière la laine de verre », cette dernière étant totalement absente du marché de l’isolation sous enduit. « En termes de finitions, on peut également citer l’apparence ‘peinture’ : là où les enduits sont généralement texturés, il est maintenant possible d’obtenir un aspect plus lisse », déclare l’ingénieur du CSTB. La technique consiste en fait à appliquer deux couches de peinture sur un enduit de finition esthétique peu texturé mais qui permet de répondre aux sollicitations mécaniques de l’isolant qu’il recouvre.

L’autre grande évolution est celle de l’augmentation de l’épaisseur des isolants : si, dans les années 1980-1990, elle était en moyenne de 8 à 10 centimètres, il est aujourd’hui inenvisageable de prévoir moins d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur. Et il n’est pas rare de dépasser les 20 cm pour les BBC, pour atteindre les 30 cm dans les maisons qui recherchent les performances thermiques les plus élevées. Mais ne risque-t-on pas un « effet tunnel » au niveau des ouvertures avec cette course à l’épaisseur ? « Afin de maintenir un clair de jour et l’entrée de lumière naturelle dans les locaux, il est possible de créer un ébrasement au niveau des ouvertures, par une coupe en biais », explique Bertrand Ruot (CSTB). Certains industriels ont même développé un ensemble de pièces et d’accessoires variés pour faciliter la mise en œuvre de leurs produits au niveau de ces points singuliers (ouvertures, points de départ, jonction avec la toiture, etc.).

Attention à la mise en oeuvre

Le domaine de l’ITE est aujourd’hui techniquement maîtrisé et les solutions sont considérées comme robustes. « Là où le bât blesse et où il faut être vigilant, c’est au niveau de la mise en œuvre et de la formation des entreprises », estime l’ingénieur du CSTB. « Il existe des règles à respecter et des grands principes à ne pas ignorer. Faute de quoi, la performance thermique n’est pas au rendez-vous. L’image de l’ITE s’en trouve écornée ce qui est dommage vu ses possibilités ». Pour Philippe Philipparie, expert au GIE Socabat, les pathologies les plus fréquemment rencontrées sur les façades isolées par du l’extérieur (PSE collé sous enduit, armé d’un treillis de verre) sont les décollements du polystyrène sous l’action du vent. Un défaut d’adhérence de la colle serait alors en cause, souvent lié à une mauvaise préparation du support. La fissuration du sous enduit, à cause de son manque de souplesse, serait également fréquente et entraîne l’entrée d’eau derrière le panneau de PSE. Une évolution technique apporte pourtant une solution : celle de la fixation mécanique du polystyrène à la façade et la formulation du sous enduit afin d’obtenir un produit pâteux et élastique. « L’ITE est maîtrisée aujourd’hui mais on risque de voir revenir cette pathologie sérielle qui aurait déjà pu être évitée à l’époque », prévient Philippe Philipparie. « Les industriels doivent assister les entreprises, car la pose n’est pas instinctive », prône Bertrand Ruot, « et les entreprises ne doivent pas hésiter à s’appuyer sur l’expertise des industriels et de leurs applicateurs ».

Source : batiactu.com

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